1 mars 1999

FLAMMES



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FLAMMES
(extrait de «LA SAGA DU RENOUVEAU»)

Camarade penché sur le bûcher, l’éclair jaillit de tes mains et accroche à tes lèvres le sourire du premier homme qui vola le feu au soleil. C’est le même orgueil et la même joie.
La même force ‑ invincible.
La flamme unit la paille que tu as séparée du blé aux branches que tu as coupées au chêne et au bouleau ‑ dans un même bond.
Chaque sursaut du feu arrache des lambeaux de ciel. Dans ce combat avec les ténèbres, la danse des flammes devient une danse de guerre et se dispute sur nos visages comme tout à l’heure, sur la route, le vent et le soleil.
Et chacun d’entre nous revêt un masque différent, aussi pur et aussi mystérieux que celui de l’athlète de pierre qui veille sur le stade.
Notre cercle est serré, sans une fissure, et pourtant nous sentons le souffle du vent froid qui fait hurler et bondir les flammes. Il s’engouffre par toutes les brèches qu’ont laissé dans notre mur les camarades qui ne reviendront plus et sont maintenant assis autour du feu où brûlent les âmes des héros.
C’est pour eux que nous chantons, et nos voix montent à travers les branches comme le long des colonnes d’un temple interminable.
Il ne reste que des tisons au milieu de la clairière.
Et, dans les yeux de chacun de nous, une toute petite lueur brillante ‑ minuscule image du brasier.
Alors nous levons la tête au cœur du jour nouveau et nous comptons ‑ une à une ‑ les étoiles.

POUR TOI



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POUR TOI

Toi qui nous lis, toi qui n’aime pas ce vilain papier, cette présentation de misère, toi qui ne comprends pas tout ce vocabulaire nouveau.
Camarade à qui on a si peu, ou si mal parlé du pays de tes pères, à qui on a jamais raconté la vie de ceux qui labourèrent nos champs et bâtirent nos villes, à qui on n’a jamais montré la mer d’où sont venus les hommes du Nord.
Toi qui est seul dans ton "coin de province" dans ton "trou de campagne", toi qui ne retrouve plus ton chemin dans les ruines de ta ville ou dans le désarroi de tes croyances.
Mais qui veut quand même agir, qui veut quand même espérer ‑ camarade qui veut rester "jeune" au milieu de tout ce monde de petits vieux.
Toi qui t’accroche et qui en emmène d’autres : frères, camarades, copains des auberges, garçons et filles des groupes folkloriques...
Toi qui sait encore sourire et qui croit à cette force merveilleuse de notre âge.
Viens avec nous
Ecris à "Viking" ‑ Assure la diffusion du journal. Groupe des camarades autour de toi. Fais des abonnés. Envoie nous des suggestions et des articles. Critique nous si tu n’es pas d’accord. Mais ne dors plus camarade, ne reste plus tout seul dans ton coin, les mains dans les poches.
C’est par un grand courant d’amitié et par une volonté farouche que nous pourrons redonner à la jeunesse de Normandie la foi et la confiance qui lui manque.
Ne trouves tu pas cette aventure magnifique ? Nous partons à la découverte, mais c’est nous-mêmes, c’est notre propre pays qu’il nous faut découvrir.
Mais non pas isolés, le dos tourné à tous ces jeunes qui cherchent aussi, la main fermée à tous ces garçons et à toutes ces filles que rien ne distingue de nous à travers la France, a travers la vieille Europe.
Mais comme le dit un chant de route : "la main dans la main".
Camarade viens avec nous, viens allumer les feux, viens chanter, viens vivre. Embarque toi pour un immense voyage.
Soit un des premiers du premier "drakkar".                                           "VIKING"
"SI TU ES QUELQU’UN MA RACE IL FAUT QUE TU PRENNES EN MAIN MA CAUSE..."
Chant populaire danois.

NOS CAMARADES ET LES AUTRES.



NOS CAMARADES ET LES AUTRES.
Cette chronique est destinée au "courrier des lecteurs", lettres et suggestions trouveront à cette page leurs réponses. Elle est ouverte à tous, qu’ils soient d’origine normande ou non, qu’ils nous suivent ou qu’ils nous repoussent, qu’ils travaillent ou qu’ils dorment.
Il ne s’agit pas de belles polémiques ni de savantes joutes oratoires mais d’une confrontation, d’un échange, d’un espoir...
Il y a quelques mois nous écrivions à Jean de LA VARENDE pour lui faire part de notre désir d’action normande et il nous encourageait en ces termes :
"...Je sens le frémissement de vos aînés, mes petits, je voudrais que la mienne en prit l’essor mais je gis le ventre fendu, les reins hurlants, cinq opérations en un an m’ont rompu. Je travaille quand même cramponné à la machine et en m’étendant toutes les heures. Je ne suis pas vaincu car la défaite ne viendra qu’avec la mort mais je suis blessé ‑ et pourtant de telles splendeurs sont là qui attendent ‑ et de tels êtres".
Et la VARENDE, le seigneur de Pays d’Ouche, l’historien et le romancier de la Normandie termine par cette phrase où nous voyons le symbole de notre lutte et de notre espoir:
LE LEOPARD PORTE LA FLECHE

A TRAVERS L’EPISODIQUE PRESSE NORMANDE



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A TRAVERS L’EPISODIQUE PRESSE NORMANDE
La presse d’information à la tête de laquelle se place "PARIS‑NORMANDIE" mise à part, peut on parler d’une "presse normande" ? Peut on ainsi qualifier quelques petites revues au tirage confidentiel et aux articles trop souvent anodins ?
Depuis que ne parait plus "TERRE NORMANDE" si riche, si pleine de promesses, les pays normands ne possèdent plus d’organe de liaison. Une telle formule était sans doute trop coûteuse. L’ennui est que rien ne le remplace, même pas une publication d’apparence plus modeste. (A propos de "Terre Normande" il est absolument impossible de se procurer les trois premiers numéros parus. Si un de nos lecteurs peut les trouver, qu’il pense à "Viking"...)
La remarquable équipe de "Terre Normande" dispersée aux alentours du printemps 1947 ne saurait elle un jour reprendre le travail nécessaire et que résumait son sous-titre "terre du passé, terre d’avenir" ?
Ceux qui aujourd’hui tentent encore l’impossible, généralement sans moyens financiers vont à l’aventure (nous en sommes le plus bel exemple, nous pouvons peut-être nous vanter d’être "les plus pauvres" et nous ne savons même pas si ce premier numéro pourra être suivi d’un second. Pourrons nous vaincre les "ides de mars" ? Notre sort est entièrement à la merci de celui qui nous lit...)
Chacun se terre dans son coin et ne fait généralement qu’un travail assez partiel. Nous aurons un jour des revues dans chaque pays normand, mais est‑il sage de morceler dès maintenant nos efforts et d’essayer de démarrer des revues du Pays d’Ouche ou du Pays de Caux (Ce ne sont que des exemples. Aucune allusion à un effort déterminé. D’ailleurs nous connaissons ces efforts dispersés surtout par ouï dire).
Voici les "CAHIERS LEOPOLD DE LISLE" publiés par la Société Parisienne d’Histoire et d’Archéologie Normandes (secrétaire général : Dr J. FOURNEE ‑ 15, rue Michel-Ange, Paris 16ème). C’est un travail d’érudits et de spécialistes. Un recueil de volumineux articles très savants et très documentés. C’est d’abord un instrument de travail. Un tel effort sera de première importance une fois que nous aurons une centaine de numéros parus dans lesquels nous pourrons puiser à loisir... Et hélas, une telle formule est, elle aussi, très coûteuse. La SPHAN n’aurait elle pas intérêt à publier les études de ses membres sous forme de fascicules séparés, d’une vingtaine de pages, ronéotypés au besoin. Et surtout paraissant très fréquemment. Le travail considérable qui reste à faire dans ce domaine nous est indispensable comme fond de documentation.
Les "NORMANDS DE PARIS" font paraître chaque trimestre un bulletin imprimé d’une trentaine de pages, voici qui est déjà plus fréquent. La vie de la société (réunions, conférences, visite de Paris) tient la première place. Certaines chroniques, telles que celles consacrées à l’histoire ou au folklore, présentent un grand intérêt.
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Mais sa plus grande utilité provient certes de sa bibliographie et surtout des nouvelles des diverses activités normandes. Nous avons ainsi un tableau des nombreuses manifestations organisées cet été par tous les divers mouvements normands. Cette association est une des plus nombreuses et garde vivaces les liens entre la province et les normands "exilés". Son siège social est à Paris 3 rue Gay Lussac (3ème) à la librairie le Rousseau.
C’est de Caen, de l’office Municipal de la Jeunesse que nous arrive "L’AMICALE NORMANDE", qui est le bulletin de la Société d’Action et d’Études Normandes (avenue Sorel à Caen). Ce bulletin souffre encore plus que les autres de la crise actuelle, il perd ainsi une grande part de sa puissance d’action. Des articles excellents rédigés par des spécialistes tels que M. Fernand Lechanteur, professeur au lycée de Coutances ou M. Michel de Bouard, professeur d’histoire normande à la faculté des lettres de Caen. Mais surtout nous louons sa volonté "dynamique" ; c’est nettement un bulletin "jeune". Un excellent organe de travail pour les cadres actuels et spécialement pour les instituteurs. Son animateur, Edouard Colin, est d’ailleurs l’organisateur de ces journées d’études et de ces fêtes populaires qui marquent peu à peu une volonté tenace de renaissance normande.
A tous ces grands confrères "Viking" adresse son plus cordial salut normand.