1 mars 1999

FLAMMES



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FLAMMES
(extrait de «LA SAGA DU RENOUVEAU»)

Camarade penché sur le bûcher, l’éclair jaillit de tes mains et accroche à tes lèvres le sourire du premier homme qui vola le feu au soleil. C’est le même orgueil et la même joie.
La même force ‑ invincible.
La flamme unit la paille que tu as séparée du blé aux branches que tu as coupées au chêne et au bouleau ‑ dans un même bond.
Chaque sursaut du feu arrache des lambeaux de ciel. Dans ce combat avec les ténèbres, la danse des flammes devient une danse de guerre et se dispute sur nos visages comme tout à l’heure, sur la route, le vent et le soleil.
Et chacun d’entre nous revêt un masque différent, aussi pur et aussi mystérieux que celui de l’athlète de pierre qui veille sur le stade.
Notre cercle est serré, sans une fissure, et pourtant nous sentons le souffle du vent froid qui fait hurler et bondir les flammes. Il s’engouffre par toutes les brèches qu’ont laissé dans notre mur les camarades qui ne reviendront plus et sont maintenant assis autour du feu où brûlent les âmes des héros.
C’est pour eux que nous chantons, et nos voix montent à travers les branches comme le long des colonnes d’un temple interminable.
Il ne reste que des tisons au milieu de la clairière.
Et, dans les yeux de chacun de nous, une toute petite lueur brillante ‑ minuscule image du brasier.
Alors nous levons la tête au cœur du jour nouveau et nous comptons ‑ une à une ‑ les étoiles.